Artiste en résidence au Fort Nieulay, Karine Bracq est intervenue pendant douze semaines dans ce quartier ainsi que dans celui du Beau Marais pour montrer ses créations et ses idées.
Plasticienne, Karine a adopté la pâte à papier pour ses œuvres, une matière recyclée qui forme une texture semblable à de la pâte à modeler. Un matériel économique et écologique qui correspond à ses idées retranscrites dans son art. Inspirée par les changements du monde, la mondialisation et ce qu’elle a apporté à sa génération, Karine travaille sur des œuvres produites en série en reprenant tout ce que fait la société industrielle et de consommation pour l’appliquer au champ artistique. Un modèle qu’elle a reproduit pour la fresque de la Ferme urbaine. Elle a créé un alphabet de formes qu’elle a assemblées entre elles pour créer son décor. Ainsi, une quinzaine de petits modules conçus en série forme cette fresque. Elle appelle cette méthode l’œuvre en kit.
Karine se nourrit de nouvelles expériences grâce à son innovation et à sa soif d’apprendre. Ses années sont différentes, tout comme ses partenaires et son travail. Elle s’intéresse beaucoup à la pédagogie autour des arts plastiques, que ce soit pour les demandeurs ou ceux qui ne comprennent pas son métier. Liée à la sociologie et à la psychologie des populations, l’éducation populaire l’a amenée à collaborer auprès d’autres métiers qui travaillent sur la problématique de l’art dans la ville.
Dernièrement, elle est intervenue au Fort Nieulay et au Beau Marais. Dans le cadre de la résidence mission et de la rénovation du Fort Nieulay, Karine a développé l’éducation culturelle auprès des habitants, que ce soit des gens pris en charge par des structures ou en électron libre dans le quartier. L’idée était de leur montrer le but d’une démarche artistique, de reconstruction tout en touchant le plus de monde possible.
« Chaque rencontre permet de mettre en place de nouvelles formes, de nouvelles façons d’approcher des arts plastiques, d’échanger des idées… Il y a tout un volet humain au travers de ce travail qui est très intéressant et très riche« , s’enthousiasme Karine.
Karine leur a enseigné que des choses anodines et insignifiantes pouvaient devenir de l’art. C’était une découverte pour certaines personnes, une redite pour d’autres.
« J’espère que je leur ai apporté un nouveau regard par rapport au travail sur les emballages qu’on a pu faire, leur montrer que l’esthétique peut être un peu partout, au quotidien« , explique-t-elle.
Par la mise en place de panoplie de formes, d’alphabet plastique, l’artiste était ravie du sentiment d’enthousiasme et d’intérêt des gens qu’elle a rencontrés.
« Il y a un moment assez amusant avec les résidents : Pour un projet kit, j’ai invité un public de personnes âgées pour rencontrer des ados du CLAEPP afin qu’ils échangent avec eux des techniques développés ensemble. Les ados qui font de l’estampe ont appris les techniques aux habitants du Beau Marais et les habitants du Beau Marais sont venus avec des emballages (ils ont appris à réaliser des moulages avec) pour échanger avec eux sur l’esthétique des formes. C’était assez fructifiant, drôle de voir ce décalage relationnel« , se remémore Karine.
L’artiste a tissé des relations avec des structures qui ne travaillaient pas ensemble ou avec des publics qui ne se rencontraient pas. Après cette expérience enrichissante, Karine reprend un travail de grandes fleurs en kit pour l’extérieur avec la MJC, projet qu’elle a commencé l’an dernier. De nouveaux programmes s’ouvriront à elle, notamment sur Hazebrouck, une fois qu’elle aura retrouvé la liberté prise par cette mission de douze semaines.
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